Produits à partir de la sève du palmier, le vin de palme et le sodabi occupent une place centrale dans la culture, l’économie et la spiritualité du Bénin. Entre tradition, revenu local et ambition d’exportation, ces alcools traditionnels connaissent un nouvel essor.
Une richesse issue des palmiers
Au cœur des zones palmières du sud du Bénin, notamment chez les Fon, Adja, Nago, Ouémè et Gun, s’élabore un produit aussi traditionnel que symbolique : le sodabi. Issu de la distillation du vin de palme, lui-même obtenu par la fermentation de la sève des palmiers comme le rônier, le raphia ou le palmier à huile, le sodabi est une eau-de-vie emblématique. La sève, riche en sucre, fermente naturellement avant d’être distillée dans des alambics artisanaux pour donner ce breuvage fortement alcoolisé.
À Porto-Novo, comme le souligne le Professeur Pierre Metinhoue, la production de sodabi est une affaire de spécialisation : elle est presque exclusivement l’apanage des populations Tori, réputées pour leur savoir-faire ancestral.
Une activité artisanale et culturelle
La production de vin de palme et de sodabi se fait généralement en milieu rural, dans les champs et les palmeraies. Mais loin d’être marginale, cette activité génère des revenus significatifs pour les producteurs. Le vin de palme, boisson rafraîchissante et nutritive, est vendu frais sur les marchés ou transformé pour obtenir le sodabi, plus concentré.
Par ailleurs, le sodabi joue un rôle clé dans les rituels traditionnels, en particulier dans le vaudou, où il est utilisé comme offrande ou comme symbole de protection. Cette boisson forte incarne ainsi l’identité spirituelle et culturelle de nombreuses communautés béninoises.
Un secteur porteur d’emplois
Au-delà de sa dimension culturelle, la filière du sodabi représente un vivier d’emplois. Elle mobilise des producteurs, des revendeurs, des transporteurs et même des designers, dans le cas de marques modernes. C’est le cas de King of Soto, une marque béninoise qui ambitionne d’industrialiser et d’exporter ce produit local. Elle propose une gamme de liqueurs de palme fruitées, bien emballées, qui séduisent au-delà des frontières.
Entre tradition et modernité
Aujourd’hui, certains acteurs veulent valoriser le sodabi en associant son image à la richesse musicale et culturelle de la région. L’objectif est double : préserver un savoir-faire ancestral tout en l’inscrivant dans une dynamique moderne, capable de conquérir les marchés internationaux.
Le vin de palme et le sodabi ne sont pas de simples boissons. Ils sont à la fois des piliers de l’économie locale, des symboles de la culture béninoise et des vecteurs d’un patrimoine à faire rayonner. Le Bénin, en valorisant ces trésors liquides, offre au monde bien plus qu’un alcool : une part vivante de son identité.
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