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Inhumations à domicile

La dérive silencieuse

La dérive silencieuse

Malgré une interdiction formelle dans la réglementation funéraire nationale, les enterrements au sein des domiciles privés gagnent du terrain à travers le Bénin, faisant craindre un lourd bilan sanitaire à long terme.

L’inhumation des défunts dans les propriétés privées, pourtant proscrite sans autorisation expresse, se généralise dans plusieurs villes du Bénin. Ce phénomène, répandu tant en milieu urbain que rural, expose la population à de graves risques sanitaires et met à mal l’autorité de l’État dans l’application de la loi.

Adopté le 19 juin 2024, le décret n° 2024-991 réglementant les activités funéraires interdit strictement toute inhumation à domicile en l’absence d’une autorisation préalable délivrée par les services municipaux compétents. Malgré cette règle, les enterrements clandestins se multiplient à Porto-Novo, Cotonou, Parakou, Abomey, Natitingou et au-delà, souvent en totale illégalité.

Des complicités locales inquiétantes

Alors que des cimetières municipaux, rarement saturés, existent dans la plupart des communes, de nombreux domiciles sont utilisés comme lieux de sépulture avec la connivence tacite voire active de certains responsables locaux. Des permis douteux sont parfois délivrés sous condition de versement de pots-de-vin, d’après plusieurs observateurs.

Le décret est pourtant explicite : les articles 54 et 55 exigent la présentation d’un titre de propriété du terrain, notamment pour les cimetières familiaux, ainsi que le respect de normes environnementales et sanitaires strictes. Trop souvent, ces prescriptions sont ignorées ou contournées, en l’absence de contrôles rigoureux.

Un risque majeur pour la santé publique

Au-delà de la dimension juridique, les dangers sanitaires sont réels : l’inhumation dans des zones non prévues peut contaminer les nappes phréatiques, favoriser la prolifération de maladies hydriques et nuire à la salubrité des quartiers environnants. Les experts en environnement dénoncent un manque de critères clairs pour l’évaluation des demandes d’autorisation.

« La recherche de recettes municipales ne doit pas prendre le pas sur la santé publique », alerte un agent municipal sous couvert d’anonymat.

Vers un renforcement des contrôles

Face à cette dérive, il est urgent que les autorités centrales et locales resserrent les contrôles, suspendent les complicités internes et sanctionnent les contrevenants. L’État ne saurait demeurer inactif devant une pratique qui, si elle venait à se banaliser, ébranlerait les fondements même de la gestion sanitaire et urbaine du pays.

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