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Alcool frelaté dans l’Atacora

Une jeunesse décimée à petits feux

Une jeunesse décimée à petits feux

Dans les départements de l’Atacora et de la Donga, la consommation d’alcool frelaté prend des proportions alarmantes. Derrière cette addiction silencieuse, ce sont des vies qui s’éteignent, des familles dévastées, et une société en péril.

Un fléau invisible mais meurtrier

La consommation d’alcool frelaté, un poison vendu à bas prix, continue de faire des ravages dans les communes de Matéri, Cobly, Tanguiéta et bien d'autres localités du nord du Bénin. Cet alcool bon marché, souvent issu d’un mélange de produits chimiques toxiques comme le méthanol, est consommé sans contrôle, ni conscience du danger.

Les conséquences sont lourdes. Les consommateurs développent des troubles neurologiques, des lésions hépatiques et rénales irréversibles, des troubles digestifs, et dans les cas les plus extrêmes, tombent dans le coma ou meurent. Le drame est d’autant plus grand qu’il touche majoritairement les jeunes, en quête d’ivresse facile ou de solutions pour échapper au désœuvrement.

Une bombe sanitaire et économique

Au-delà des dégâts humains, l’alcool frelaté ébranle les fondements même de l’économie locale. Cette production illégale échappe à tout cadre réglementaire et fiscal, privant l’État de précieuses recettes et nuisant gravement à la réputation des produits locaux. Les producteurs d’alcool réglementés, eux, voient leur activité menacée par cette concurrence déloyale.

Pire encore, cette consommation de masse alimente l’insécurité dans les quartiers, entraîne des comportements violents, des troubles de l’ordre public et affaiblit la cohésion sociale. La malnutrition, notamment chez les enfants, s’aggrave dans les familles où l’alcoolisme prend le pas sur l’alimentation.

Matéri, Tanguiéta et Cobly dans l’œil du cyclone

Ces trois communes sont aujourd’hui les épicentres d’une crise sanitaire silencieuse.

À Matéri notamment, l’alcool est omniprésent : les points de vente pullulent, l’alcoolisme gagne du terrain, et la jeunesse se perd dans des habitudes de consommation destructrices. 

À Cobly et Tanguiéta, la situation n’est guère meilleure. Selon des sources locales et des autorités sanitaires, l’alcoolisme figure parmi les facteurs aggravants de la malnutrition chronique. Le phénomène a même été évoqué lors de la Journée mondiale contre les produits psychotropes, organisée récemment dans la Donga.

Les campagnes de sensibilisation en quête d’efficacité

Face à l’urgence, les autorités locales, les services de santé et plusieurs ONG mènent des actions de sensibilisation sur les dangers liés à la consommation d’alcool frelaté. Des séances d'information sont organisées dans les écoles, les marchés et les lieux publics. Des appels sont lancés aux citoyens pour signaler les lieux de fabrication et de vente illicite.

Mais malgré les efforts, les résultats peinent à suivre. Les jeunes, souvent sans repères et sans activités génératrices de revenus, continuent de s’y adonner. Pendant ce temps, des commerçants véreux, attirés par les bénéfices faciles, inondent le marché de ces boissons mortelles.

Un appel à l’action urgente

Il est temps d’agir. Pour freiner ce fléau, il est indispensable de renforcer les contrôles sur la production et la vente d’alcool, d’intensifier les campagnes de prévention, et surtout de créer des opportunités réelles pour la jeunesse dans ces régions marginalisées. C’est à ce prix que l’on pourra espérer sauver une génération en train de se noyer dans l’alcool… frelaté.

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