Autrefois fer de lance de l’économie du Dahomey, la filière palmier à huile, fragilisée par des décennies de crises, revient au cœur des priorités du gouvernement béninois. Objectif : redonner vie à une culture ancestrale et faire de l’or rouge un levier de croissance durable. Symbole d’une richesse agricole vieille de deux siècles, le palmier à huile a façonné l’histoire économique du sud du Bénin. Dès le XIXe siècle, sous le règne du roi Ghézo (1818‑1858), le Dahomey devient l’un des principaux exportateurs d’huile de palme vers l’Europe. Les palmeraies, alors estimées à 500 000 hectares, alimentent une filière artisanale en plein essor. Avec la colonisation, puis après l’indépendance, l’État tente d’industrialiser la filière : usines de transformation, plantations sélectionnées, raffineries. Mais les ambitions se heurtent aux difficultés climatiques, aux crises financières et à une organisation défaillante. Résultat : baisse des rendements et recul de la production. Une filière stratégique à relancer Aujourd’hui, le gouvernement du président Patrice Talon mise sur une relance massive. Le pays produit environ 900 000 tonnes de régimes de palme par an, mais vise une hausse de 50 % de la productivité d’ici 2030 grâce à : - de nouvelles plantations, - la modernisation des techniques agricoles, - et la création d’unités modernes de transformation (raffineries, savonneries). Les femmes, piliers historiques de la transformation artisanale, sont au cœur de ces projets, tandis que des recherches agronomiques et climatiques identifient les zones les plus propices à l’expansion des palmeraies. Un enjeu économique et régional La relance de cette filière ne vise pas seulement à satisfaire le marché national : le Bénin ambitionne aussi de reconquérir la sous-région ouest-africaine. L’huile de palme et ses dérivés représentent une opportunité majeure pour réduire les importations, créer des emplois et stimuler l’agro-industrie locale. Durabilité et modernité La renaissance du palmier à huile se veut également durable. Les pratiques agroforestières innovantes, la gestion de l’eau et la structuration d’une interprofession sont au cœur des réformes. Ces initiatives pourraient transformer un héritage historique en un moteur moderne de développement. Un or rouge pour demain De l’âge d’or du Dahomey à la relance actuelle, le palmier à huile reste une culture identitaire pour le Bénin. S’il parvient à surmonter ses défis, ce secteur pourrait redevenir l’un des piliers de l’économie nationale et faire du « trésor rouge » une richesse renouvelée.
Agriculture et industrie au Bénin
Palmier à huile : la renaissance d’un trésor national

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