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Image de l'administration publique au Bénin

Ces enseignes de l'Etat en souffrance

Ces enseignes de l'Etat en souffrance

Mal entretenues, dégradées ou tout simplement éteintes, les enseignes lumineuses des structures étatiques au Bénin offrent aujourd’hui un triste visage. Elles trahissent à elles seules l’indifférence administrative, sapent l’autorité de l’État et renvoient une image contraire aux exigences de rigueur prônées depuis 2016.

Des balises de visibilité devenues fantômes

Au cœur des villes béninoises, il suffit de lever les yeux pour constater l’ampleur du laisser-aller. Sur les bâtiments publics – mairies, préfectures, ministères, agences – les enseignes lumineuses qui devraient incarner la présence visible et dynamique de l’État sont devenues des vestiges d’un passé mieux entretenu. Ampoules grillées, lettres manquantes, plaques détériorées ou illisibles… ces enseignes sont aujourd’hui à la fois muettes et invisibles.

Là où elles devraient attirer l’attention, guider les citoyens, renforcer la crédibilité des services publics, elles suscitent désormais gêne et désolation. Pire encore, certaines arborent toujours les stigmates des crises politiques passées sans qu’aucune réparation ne soit entreprise.

Une négligence qui interroge la rigueur de l'État

Dans un contexte où l’image compte autant que le service, ce relâchement interroge. Pourquoi des institutions censées incarner la rigueur de l’administration béninoise se laissent-elles aller à une telle dégradation de leur façade ? Faut-il attendre la visite inopinée d’un haut dirigeant pour réagir ?

Plusieurs responsables désignent la Direction Nationale des Marchés Publics (DNMP) comme bouc émissaire, accusée de bloquer les procédures de maintenance par des lenteurs administratives. Mais cette excuse peine à convaincre face à la banalisation d’un désordre visuel devenu la norme dans tout le pays.

Une loi ignorée, un décret bafoué

Et pourtant, la réglementation existe. Le Décret n°84-343 du 14 septembre 1984, pris en application de la Loi n°84-007, impose des normes strictes en matière d’enseignes publiques, notamment sur les aspects techniques, sanitaires et de sécurité. Cette disposition, rarement évoquée, semble ignorée dans la pratique, tant les contre-exemples pullulent.

Un enjeu d’image et de service public

Au-delà de la simple esthétique, il s’agit d’un enjeu de service public. Les enseignes lumineuses ne sont pas de simples gadgets : elles informent, orientent, rassurent. Elles portent les couleurs et les valeurs d’un État moderne et accessible. Leur dysfonctionnement chronique renvoie une image contraire à l’esprit de gouvernance prônée depuis bientôt une décennie.

Urgence d’un audit national et d’une politique d’entretien

Face à cette situation, il est urgent que le gouvernement engage un audit national des enseignes des structures publiques. Un recensement rigoureux permettra de planifier les remplacements nécessaires, d’instaurer une maintenance régulière et surtout, de restaurer la dignité visuelle de l’administration.

La rigueur, pour être crédible, doit aussi briller dans les détails. Et dans ce domaine, il est temps que l’État montre l’exemple, au propre comme au figuré.

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