Malgré les avancées législatives et quelques initiatives d’inclusion, les personnes sourdes au Bénin demeurent largement marginalisées. Le Centre des Sourds SOLIDATIC d’Adjarra tire la sonnette d’alarme et appelle à une action plus concrète de l’État pour une véritable équité dans l’éducation, l’emploi et la vie sociale. Une alerte venue d’Adjarra Au Bénin, être sourd, c’est souvent vivre en marge de la société. C’est ce que dénonce vigoureusement le Centre des Sourds SOLIDATIC d’Adjarra. Dans un plaidoyer adressé aux autorités et à l’opinion publique, le centre déplore l’exclusion persistante des personnes en situation de handicap auditif, notamment dans le système éducatif béninois. Selon ses estimations, plus de 80 000 personnes sont concernées, dont une majorité sans accès à une éducation adaptée, faute de ressources, de structures spécialisées et d’enseignants formés à la langue des signes béninoise (LSB). Des droits inscrits, mais non appliqués Le Bénin dispose pourtant d’un cadre légal favorable : la Constitution en son article 8 garantit l’égalité sans discrimination, et la loi n°2017-06 impose une éducation inclusive pour les personnes handicapées. Le pays est aussi signataire de la Convention des Nations Unies relative aux Droits des Personnes Handicapées (CDPH). Mais dans les faits, les droits restent trop souvent théoriques. Éduquer, inclure, respecter Le Centre SOLIDATIC plaide pour : - La généralisation de l’enseignement de la LSB dès le préscolaire ; - La formation et l'affectation d’enseignants spécialisés ; - Le soutien accru aux centres comme le leur, qui œuvrent chaque jour avec des moyens limités ; - La promotion d’un emploi réellement inclusif, à travers quotas, incitations et accompagnement des employeurs. Sensibiliser pour faire tomber les murs Plus encore, le plaidoyer réclame une campagne nationale de sensibilisation pour briser les stéréotypes qui pèsent sur les personnes sourdes. Car, comme le rappelle le centre, « aucune société ne peut prétendre au développement durable si elle exclut une partie de ses citoyens ». Une situation contrastée mais encourageante Le tableau n’est pas entièrement sombre. Certaines écoles intégratrices, comme à Louho, favorisent déjà l’apprentissage commun entre enfants entendants et sourds. Des projets d’alphabétisation, de formations professionnelles, ou encore de colloques internationaux voient le jour. L’ASUNOES-Bénin, l’ANS, ou le CCAEIS mènent des actions concrètes pour l’inclusion éducative, culturelle et professionnelle. La langue des signes béninoise commence à être reconnue dans l’enseignement, mais souffre encore d’un manque de visibilité et de reconnaissance officielle à grande échelle. Quant à l’emploi, il reste l’un des plus grands défis : sans accompagnement, beaucoup de personnes sourdes basculent vers la précarité ou la mendicité. Une société inclusive se construit ensemble Pour bâtir un Bénin plus juste et inclusif, l’engagement de l’État est indispensable, mais la participation de toute la société l’est tout autant. Valoriser la diversité, reconnaître les talents au-delà du handicap, et garantir les mêmes chances à tous : telle est la voie à suivre pour que plus jamais, être sourd ne rime avec être oublié.
Inclusion et droits humains au Bénin
Sourds mais pas invisibles !

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