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Violence verbale en plein air

Nos rues, arènes d’injures

Nos rues, arènes d’injures

De Cotonou à Parakou, les insultes fusent désormais à chaque coin de rue. Qu’elles viennent de jeunes, de conducteurs de taxi-motos ou de commerçantes, ces violences verbales traduisent une détérioration inquiétante de la convivialité et du respect mutuel. La scène est devenue familière : un coup de klaxon jugé intempestif, un client qui marchande trop, un piéton qui gêne le passage… et tout s’enflamme. Les mots fusent, souvent plus blessants que les coups. Dans nos rues, jadis lieux de passage et de rencontres, s’installent désormais des batailles verbales où la courtoisie est reléguée au second plan. La société semble glisser vers une loi tacite : « œil pour œil, dent pour dent ». Tolérance et retenue s’effacent au profit de la vengeance verbale. Les jeunes, certains conducteurs de zémidjans, des vendeuses de marché, et même des citadins ordinaires s’illustrent dans ces passes d’armes oratoires. Plus personne ne veut céder, chacun revendique sa raison au détriment du respect élémentaire. Ce climat verbalement agressif mine la cohésion sociale. Dans un pays où l’on se targue de valeurs de solidarité et de bon voisinage, voir l’insulte s’installer comme langage quotidien est alarmant. Les paroles blessantes ne sont pas anodines : elles détruisent la confiance, alimentent les rancunes et banalisent l’irrespect. Face à ce constat, la question est urgente : quelle société voulons-nous construire ? Les fondations d’une communauté digne reposent sur le respect mutuel et la maîtrise de soi. Il appartient à chacun, des familles aux écoles, des leaders religieux aux autorités publiques, de rappeler que la liberté de parole ne doit pas devenir une arme. Comme le dit l’adage, « la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres ». Si rien n’est fait, nous risquons de transformer nos rues en champs de bataille permanents. Mais si chacun s’engage à retrouver le chemin de la courtoisie et du dialogue, alors la société pourra renouer avec son idéal : une communauté où les mots servent à bâtir, et non à détruire.

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