Familles urbaines, liens en mutation

Dans les villes africaines, la famille reste une valeur centrale, mais ses contours changent. Pression économique, mobilité, nouvelles technologies et quête d’autonomie redessinent les rapports entre générations et membres d’un même foyer. Entre cohésion et éclatement, la famille urbaine s’invente de nouveaux codes. L’urbanisation accélérée bouleverse les fondations de la famille traditionnelle. Autrefois centrée sur la grande famille élargie, la vie urbaine tend à privilégier le modèle nucléaire : parents et enfants vivant sous le même toit, parfois isolés du reste du clan. Ce glissement s’explique par la rareté de l’espace, le coût de la vie et l’organisation professionnelle des citadins. Si l’entraide et la solidarité intergénérationnelle demeurent, elles prennent de nouvelles formes. Les visites régulières aux parents du village se font plus rares, remplacées par des appels vidéo ou des discussions sur les réseaux sociaux. Les grandes réunions familiales, jadis fréquentes, deviennent des événements planifiés longtemps à l’avance. Parallèlement, la répartition des rôles évolue. Dans de nombreux foyers, hommes et femmes partagent davantage les responsabilités domestiques et éducatives, sous l’effet des contraintes professionnelles et des aspirations à l’égalité. Les jeunes, plus exposés à des modèles venus d’ailleurs, revendiquent une autonomie plus rapide, ce qui peut créer des tensions avec les aînés attachés aux normes traditionnelles. Enfin, les défis économiques renforcent certaines solidarités, tout en fragilisant d’autres. La colocation entre membres de la même famille ou amis devient une alternative pour réduire les charges. Les transferts d’argent, essentiels pour soutenir les parents ou financer les études des cadets, s’effectuent désormais en quelques clics grâce aux services mobiles. Entre continuité et adaptation, la famille urbaine navigue entre héritage culturel et réalités modernes. Dans cette recomposition, l’essentiel reste inchangé : le lien affectif qui, malgré les distances physiques, continue de faire battre le cœur de la cellule familiale.